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blogaëlle
28 février 2008

Lettre B du challenge ABC 2008

AUTEUR : Bardery, Muriel (1969-....)eleganceduherisson
TITRE : L'élégance du hérisson
 
PUBLICATION : [Paris] : Gallimard, 2006
IMPRIMEUR / FABRICANT : 27-Mesnil-sur-l'Estrée : Impr. Firmin-Didot
DESCRIPTION MATÉRIELLE : 359 p. ; 21 cm
ISBN : 978-2-07-078093-8


QUATRIÈME DE COUVERTURE

"Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai."



La fin de ce livre n'est pas heureuse, mais heureusement qu'elle est ce qu'elle est, car sinon... ce livre m'aurait laissé indifférente. Tous ces mots compliqués qui font que je me sentais si peu cultivée, ces phrases si longues parfois qu'elles n'en finissent plus... Mais on est malgré tout emporté par les trois personnages principaux, Renée, Paloma et Mr Ozu. L'arrivée dans l'immeuble (page 141) de Kakuro Ozu chamboule la vie de Renée et de Paloma, et alors, enfin, il se passe quelque chose. La fin est inattendue et vraiment touchante. Profitons de la vie tant qu'elle est encore là...

TODAY IS THE FIRST DAY OF THE REST OF MY LIFE

Morceaux choisis :

"Apparemment, de temps en temps, les adultes prennent le temps de s'asseoir et de contempler le désastre qu'est leur vie. Alors ils se lamentent sans comprendre et, comme des mouches qui se cognent toujours à la même vitre, ils s'agitent, ils souffrent, ils dépérissent, ils dépriment et ils s'interrogent sur l'engrenage qui les a conduits là ou ils ne voulaient pas aller. Les plus intelligents en font même une religion : ah, la méprisable vacuité de l'existence bourgeoise ! Il y a des cyniques dans ce genre qui dînent à la table de papa : "Que sont nos rêves de jeunesse devenus ?" demandent-ils d'un air désabusé et satisfait. "Ils se sont envolés et la vie est une chienne." Je déteste cette fausse lucidité de la maturité. La vérité, c'est qu'ils sont comme les autres, des gamins qui ne comprennent pas ce qui leur est arrivé et qui jouent aux gros durs alors qu'ils ont envie de pleurer.
C'est pourtant simple
à comprendre. Ce qui ne va pas, c'est que les enfants croient aux discours des adultes et que, devenus adultes, ils se vengent en trompant leurs propres enfants. "La vie a un sens que les grandes personnes détiennent" est le mensonge universel auquel tout le monde est obligé de croire. Quand, à l'âge adulte, on comprend que c'est faux, il est trop tard. Le mystère reste intact mais toute l'énergie disponible a depuis longtemps été gaspillée en activités stupides. Il ne reste plus qu'à s'anesthésier comme on peut en tentant de se masquer le fait qu'on ne trouve aucun sens à sa vie et on trompe ses propres enfants pour tenter de mieux se convaincre soi-même." (p. 19-20)

"Après un mois de lecture frénétique, je décide avec un intense soulagement que la phénoménologie est une escroquerie. De la même manière que les cathédrales ont toujours éveillé en moi ce sentiment proche de la syncope que l'on éprouve face à la manifestation de ce que les hommes peuvent bâtir à la gloire de quelque chose qui n'existe pas, la phénoménologie harcèle mon incrédulité à la perspective que tant d'intelligence ait pu servir une si vaine entreprise." (p. 57)

"Cette impulsion stupide, loin de mettre fin à la traque, l'encourage au centuple. C'est une faute stratégique majeure. [...]
Un simple : Je ne comprends pas, sign
é la concierge serait pourtant tombé sous le sens.
Ou encore : Vous avez fait erreur, je vous retourne votre paquet.
Sans chichis, court et précis : Erreur de destinataire.
Astucieux et définitif : Je ne sais pas lire.

Plus tortueux : Mon chat ne sait pas lire.
Subtil : Merci, mais les étrennes se font en janvier.
Ou encore, administratif : Veuillez accuser réception du retour.
Au lieu de quoi, je minaude comme si nous nous trouvions
à un salon littéraire." (p. 184-185)

" [...] en faisant glisser jusqu'à moi une coupelle blanche emplie de petits raviolis qui n'ont l'air ni frits ni vapeur mais un peu des deux. Il pose à coté une coupelle avec de la sauce soja.
- Des gyozas, précise-t-il."
(p. 242)

"Ce matin, je comprends ce que mourir veut dire : à l'heure de disparaître, ce sont les autres qui meurent pour nous car je suis là, couchée sur le pavé un peu froid et je me moque de trépasser ; cela n'a pas plus de sens ce matin qu'hier. Mais je ne reverrai plus ceux que j'aime et si mourir c'est cela, c'est bien la tragédie que l'on dit. [...]
L'as-tu aussi ressenti ainsi, ma mort et non la tienne, la fin de nos regards bien avant la terreur de t'enfoncer dans le noir ? Que reste-t-il d'une vie, au juste, quand ceux qui l'ont vécue ensemble sont désormais morts depuis si longtemps ? J'éprouve aujourd'hui un curieux sentiment, celui de te trahir ; mourir, c'est comme te tuer vraiment. Il ne suffit donc pas à l'épreuve que nous sentions les autres s'éloigner ; il faut encore mettre à mort ceux qui ne subsistent plus que par nous." (p. 348)

"Mais là, et pour la première fois, j'ai eu mal, tellement mal. Un coup de poing dans le ventre, le souffle coupé, le cœur en compote, l'estomac complètement écrabouillé. Une douleur physique insoutenable. Je me suis demandé si je m'en remettrais un jour, de cette douleur-là. J'avais mal à en hurler. Mais je n'ai pas hurlé. Ce que je ressens maintenant que la douleur est toujours là mais qu'elle ne m'empêche plus de marcher ou de parler, c'est une sensation d'impuissance et d'absurdité totales. Alors c'est comme ça ? Tout d'un coup, tous les possibles s'éteignent ? Une vie pleine de projets, de discussions à peine commencées, de désirs même pas accomplis, s'éteint en une seconde et il n'y a plus rien, il n'y a plus rien à faire, on ne peut plus revenir en arrière ?
Pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti le sens du mot jamais. Eh bien, c'est terrible. On prononce ce mot cent fois par jour mais on ne sait pas ce qu'on dit avant d'avoir été confront
é à un vrai "plus jamais". [...] Mais quand quelqu'un qu'on aime meurt... alors je peux vous dire qu'on ressent ce que ça veut dire et ça fait très très très mal. C'est comme un feu d'artifice qui s'éteint tout d'un coup et tout devient noir. Je me sens seule, malade, j'ai mal au cœur et chaque mouvement me coûte des efforts colossaux." (p. 354-355)

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Commentaires
4
Bonsoir, Le début est un peu lourd mais c'est un des livres que j'ai véritablement a-do-ré. Je pense que les avis sont mitigés malgré le succès qu'a remporté ce livre. En tout cas, en ce qui me concerne, je suis trop fan, comme on dit aujourd'hui !
H
J'ai adoré ce livre, j'ai peiné au début mais ensuite je me suis régalée
C
Me voilà quasi obligée de lire ce livre... et dès les premières pages, des gros clichés acceptés par les personnages au point de compenser en société pour ne pas paraître tels qu'ils sont réellement ! Très bizarre. Je vois que je ne suis pas la seule que ça gêne.
G
Oui, la fin est belle, alors on oublie un peu tout le reste !
L
Je fais aussi partie des lecteurs un peu moins enthousiastes. Ce sont surtout les clichés sociaux qui m'ont horripilée, mais c'est tout de même une belle lecture au final.
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